A l’heure d’écrire ces quelques lignes, je tiens un bureau de vote dans l’Yonne où, après 5 heures d’ouverture, 12 citoyens sont venus voter. Le rythme n’est pas « fou-fou » et laisse le temps de faire un pas de côté en regardant notre pays et les discussions du moment.
Je suis toujours étonné que les sujets évoqués comme étant les préoccupations majeures des Français me paraissent souvent éloignés des enjeux qui les touchent. Les perçoivent ils ?
On parle de « défense du pouvoir d’achat » alors que le vrai sujet est « acheter moins et mieux », seul vrai sujet de notre avenir sur terre. L’énergie abondante et quasi gratuite c’est fini.
On évoque la retraite à 60 ans alors que le sujet réel est « comment maintenir des régimes sociaux qui ne pèsent que sur les personnes en situation de travail ? ». De manière plus fine, peut-être faudrait-il se poser les questions suivantes :
Pourquoi la France n’arrive-telle pas à créer un fonds souverain et n’apporte-t-elle pas un système de capitalisation à son régime de retraite ?
Comment assurer l’employabilité dans la durée des seniors et comment chacune et chacun d’entre nous peut-il contribuer à faire de la nation une terre d’entraide et de solidarité ? Le service civique, quels qu’en soient sa portée, ses implications et engagements, doit toucher tout citoyen, à n’importe quel âge. C’est une dignité primordiale de se sentir utile même si parfois il convient un peu de l’imposer. Il en est de même sur les sujets ayant trait au chômage. Par exemple, au Rwanda, une journée par mois est consacrée au nettoyage des routes et espaces publics… par tous les citoyens quels que soient sa classe sociale et son âge.
Comment aider les jeunes à s’orienter vers ce qui leur correspond le mieux ? Cela s’oppose au Bac à 100% et promotions universitaires de façade pour des filières sans débouché, des « étudiants » déboussolés mais persuadés de leur capacité puisqu’ils ont le droit.
Le sujet du fonctionnement de la justice n’est pas abordé. Il ne s’agit pas de la police, mais bien de la justice. Or, traiter l’incivilité pour ne pas aller jusqu’à la criminalité devrait être une priorité de tous les moments. Nous sommes nombreux à avoir des exemples au cours desquels la décision de juges de ne pas traiter des sujets pourtant étayés et simples, conduisent à une désespérance quant au rôle et à la qualité de ce service mutualisé au service des Français.
Comment ne pas engager un débat sur la manière dont les grands syndicats publics ont fait usage du chantage pour éviter toute révision indispensable de leurs statuts à l’approche des JO en prévalant l’intérêt du public. Il faut avoir les zygomatiques bien accrochés pour prétendre défendre les intérêts des usagers en leur faisant vivre des grèves à répétition.
Certes le logement fut négligé, cela fut reconnu par le ministre des finances devant les partenaires sociaux en ce joli mois de Juin.
Notre pays est fantastique, nous ne voyons pas qu’enfin la France et l’Europe ont commencé à créer des conditions de concurrence plus équilibrée entre les grands blocs Sino-américains et nous.
Nous ne voyons pas que nous ne parlons plus de chômage mais plutôt de difficulté à trouver des collaborateurs formés et compétents.
Nous ne voyons pas toutes les entreprises aidées et sauvées au moment du COVID et le nombre d’emplois et de familles que cela représente.
Nous ne voyons pas que la France a repris le chemin de la reconstruction de son armée.
Nous ne voyons pas la réindustrialisation en cours.
Nous ne voyons pas que la France est redevenue le pôle d’attractivité majeur en Europe. Demandons des comptes à celles et ceux qui ont attisé la haine entre les citoyens, décomptons les coûts réels et l’endettement que cela génère de bloquer le pays pendant des mois, à ceux qui se sont opposés à la réflexion et aux lois sur le port du voile, sur l’immigration, au lieu de montrer du doigt de « pauvres bougres » qui seraient responsables de tous nos malheurs alors que sans eux, pas de Travaux Publics, pas de ramassage d’ordures, pas d’infirmières, et même, pas de médecin urgentiste…
Nos problèmes ne sont pas les autres, mais nous-mêmes.
Alors un peu de dignité et au boulot !
Eric MALENFER
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